Rappel des faits

21/04/2018

Nous sommes le 3 juin 1974, à la cité St-Agnès, dans le quartier des Chartreux, Marseille. Il est 10h50. Marie-Dolorès Rambla (8 ans) et son petit frère Jean (6 ans) s'amusent dans la cour, quand une voiture se gare devant les garages. Un homme en descend et s'approche de la fratrie. Il leur demande de l'aider à chercher son chien noir. La sœur accompagnera le monsieur tandis que le frère fera le tour des immeubles. Une fois sa mission accomplie, Jean se retrouve dans la cour. Sa grande sœur n'est plus là. A 11h20, le père des deux enfants rentre chez lui. Le petit Jean explique à son papa la situation. Monsieur Rambla se précipite au commissariat de quartier pour signaler la disparition de sa fille. Il n'est pas pris au sérieux. Il rentre chez lui et se munit de la plus récente des photos de sa fille pour déposer plainte à l'Evêché. Cette fois-ci, il est pris au sérieux.

A 12h15, au carrefour de la Pomme, la Renault 15 de Vincent Martinez entre en collision avec un coupé Peugeot 304. M. Martinez rencontre peu après un couple d'automobilistes, les Aubert. Il leur demande de prendre en chasse le coupé Peugeot. Les Aubert s'exécutent. Ils découvrent le véhicule incriminé stoppé sur le bas-côté, le conducteur portant un paquet dans les bras. Plus tard les Aubert affirmeront que l'homme tirait une enfant par le bras. Et que l'enfant aurait demandé ce qui allait lui arriver. M. Aubert dit au conducteur qu'il est inutile de s'enfuir, que ce n'est qu'un accident matériel. Le conducteur lance : « C'est bon. Je reviens. ». Les Aubert retournent sur leurs pas et donnent le numéro du fuyard (1369 SG 06) à M. Martinez qui s'empresse de porter plainte à la brigade de gendarmerie la plus proche.

A 17 heures et à 2 km du carrefour de la Pomme, un homme jeune demande de l'aide pour désembourber sa voiture coincé dans une des champignonnières. Mohammed Rahou demande à M. Henri Guazzone contremaître de la champignonnière d'utiliser son tracteur. Une fois désembourbé, le jeune homme prend le thé avec M. Rahou.

Le 5 juin, sur les indications de M.Martinez, les gendarmes de la compagnie d' Aubagne fouillent l'endroit ou l'accident a lieu. A 15h45, un gendarme découvre le corps de la petite Marie-Dolorès sous des branchages. Plus loin, traine une pierre tachée de sang. On demande à M. Rambla d'identifier le corps retrouvé, en espérant que ce ne sois pas celui de sa fille disparue. Malheureusement, vu le cri déchirant que pousse le malheureux père de famille, le pire c'est produit.

Le propriétaire du coupé Peugeot 304 immatriculé 1369 SG 06, est arrêté à son domicile, à Nice. Il est conduit au commissariat central de Nice pour prendre sa déposition sur son délit de fuite. Puis a 18h, il est conduit à l'Eveché .Après 17h de garde à vue et après avoir été formellement reconnu par Mme Aubert, il avoue l'enlèvement et le meurtre. Il raconte qu'il voulait rendre visite à un ancien compagnon de régiment. Une fois garé devant les garages de la cité St-Agnès, il a abordé deux enfants qui étaient dans la cour. Il leur a demandé de « chercher une bête ». Il a emmené la fillette dans son véhicule. Ils ont roulé pendant une heure. La fillette a demandé à rentrer chez elle « parce que c'était l'heure du repas. ». Rannuci déclare qu'il allait la ramener chez elle quand il a eu une collision avec un autre véhicule. Il a paniqué, a garé sa voiture sur le bas-côté et a extrait promptement l'enfant du véhicule. Il l'a tiré par le bras jusqu'en haut du talus qui borde la route, l'a plaqué contre le sol avec sa main gauche pour » l'empêcher de crier ». Avec sa main droite, il a sorti de sa poche de pantalon un couteau à ouverture automatique, a appuyé sur le bouton pour faire jaillir la lame et a poignardé la fillette de multiples reprises. Il a ensuite recouvert le corps de branchages et a remis le couteau dans sa poche. Il est descendu du talus, est remonté dans sa voiture et s'est dirigé vers la champignonnière ou il s'est embourbé. Il s'est débarrassé du couteau en l'enfonçant d'un coup de pied dans un tas de tourbe. Il a demandé de l'aide pour sortir sa voiture de la champignonnière, puis est rentré chez lui. Quand les enquêteurs lui demandent pourquoi avoir enlevé Marie-Dolorès Rambla, il répond : « Je ne sais pas. Je voulais l'emmener promener ». Il déclare n'avoir ni violé la fillette, ni lui avoir fait subir des attouchements sexuels. Les policiers ne conduisent pas Ranucci au lieu ou il prétend avoir enterré le couteau, pour ne pas avoir à demander au magistrat instructeur une prolongation de garde à vue. Mais ils demandent aux gendarmes de la compagnie d'Aubagne de retrouver l'arme du crime. Il leur faudra un peu moins de deux heures pour la retrouver sous 20 cm de tourbe. Durant la reconstitution, Ranucci n'est pas capable de reproduire les gestes meurtriers. Mais il s itue très bien le couteau. Dans l'attente du procès, ses avocats (Maîtres Le Forsonney, Lombard et Fraticelli) se posent la question de la stratégie de défense. Culpabilité avec circonstances atténuantes ou innocence et acquittement ? Leur client est catégorique : il n'est pas coupable. On l'a persuadé de sa culpabilité. Il faut plaider l'acquittement. Maître Fraticelli se refuse à plaider, estimant que l'innocence n'est pas plaidable. Le procès se déroule dans une atmosphère de loi du talion. Ranucci est odieux. La condamnation à mort tombe. Le pourvoi en cassasion est rejeté. La grâce présidentielle est rejeté. Ranucci est exécuté le 28 juillet 1976, à 4h13 du matin. En 1978, sort Le Pull-over rouge, de Gilles Perrault. En 2012, Autopsie d'une imposture, de Gerard Bouladou (commandant de police retraité).

Michel Lefèvre - Blog de passionné
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